03 Juin L’entrepreunariat thérapeutique, un modèle perdant/perdant de l’ère post-capitaliste.
La relation au travail dans nos sociétés occidentales est arrivée à un «point de bascule».
Pour un certain nombre d’observateurs avertis, le mouvement est bel et bien en marche.
Des quinquas usés par le système objectifs/commissions aux trentenaires de la génération Y (Y de whY: pourquoi) qui cherchent à identifier le sens de leurs actions, l’organisation de nos sociétés et le travail organisé autour de la notion de statuts commence à montrer ses limites.
Tout comme un logiciel dépassé dont les mises à jour n’apporteraient plus de nouvelles fonctionnalités mais tenteraient juste de rester un peu de temps encore compatible avec son environnement.
Nous pourrions disserter longuement et dans tous les sens des tenants et aboutissants de ce changement de paradigme, mais prenons ici l’option de ne traiter qu’un seul aspect, celui de l’entrepreneuriat thérapeutique.
Il arrive à chaque dirigeant, de temps à autre, de rencontrer des personnes souvent très diplômées et très compétentes qui occupent ou ont occupé des postes enviables.
Ces personnes utilisent ou projettent d’utiliser une bonne part de leur temps, de leur énergie et de leurs indemnités de fin de contrat à rêver à des projets parfois très «courageux» comme disent les Anglais quand ils veulent avec tact et diplomatie souligner l’ineptie d’un propos.
Force est de constater que ces comportements redirigés comme il est convenu de les appeler ne correspondent pas à un projet entrepreneurial, mais bien à la pure projection d’une situation sensée être l’inverse de celle vécue jusqu’alors.
Au delà de la question fondamentale de l’existence d’un objectif à atteindre, il est nécessaire de prendre conscience que le changement est par essence un état transitoire, mais en aucun cas un but en soi.
En d’autres mots, confondre changement et projet assure potentiellement de bien angoissants lendemains.
Il est violent de constater à quel point la question de l’existence même d’un marché ou d’un sens à moyen terme pour ce type de projets peut être évacuée par leurs initiateurs, quant au plan d’affaires, il n’en est même pas question.
Dans de plus tristes cas encore, il est manifeste que toute l’attention du rêveur est tournée vers lui ou elle même se projetant dans la peau du client idéal, moyen, universel, mais souvent finalement malheureusement unique, car «le client» ne se lève pas le matin pour combler nos besoins… la réalité est un rien différente.
Cette triste spirale nous amène à un résultat où la maturité, les compétences et parfois même les fonds (propres ou publics) sont présents et, où avec tous les éléments permettant de créer de la valeur on en vient à en détruire durablement.
La notion de «perdant perdant» est ici manifeste.
Pour la personne d’abord, qui avec de vrais talents mais de mauvaises questions perd confiance, courage, temps et moyens dans son développement personnel et social.
Pour la collectivité ensuite, car dans de nombreux cas, c’est beaucoup de valeur (sociale, sociétale, fiancière, compétitive etc.) qui est détruite par qui s’engage sur le chemin de l’entrepreneuriat par le seul biais du rêve ou de l’ambition en s’offrant le luxe d’éluder les question fondamentales.
Les projets entrepreneuriaux ont besoin de réponses pertinentes, certes, mais avant tout aux bonnes questions.
Patrick Colot
Praticien Sr en Mgt & Organisation
Administrateur TEC-MA